Il est dit que le bön est la religion indigène pré-bouddhiste du Tibet. Son nom signifie « réalité » ou « vérité », et ses fidèles s’appellent les bönpo. Le bön se présente comme l’enseignement de Tonpa Sherab, né dans le pays mythique de Olmo Lung Ring. La tradition dit que cette terre est dominée par le Mont Yung-drung Gu-tzeg (édifice des Neuf Swostika) qui est supposé être situé dans la région du Mont Kailash, une montagne sacrée dans l'ouest du Tibet. Cette croyance était très populaire dans l'ouest du Tibet à partir du IIIe siècle après J.-C. Il s'agit d'une pratique chamanique et animiste de contact avec la nature par l'intermédiaire d'un prêtre appelé shen ou bönpo.

Selon la croyance du bön, dix-huit enseignants illuminés apparaîtront dans cette éon et Tonpa Shenrab, le fondateur de cette religion, est l'enseignant illuminé de cette période. La croyance explique qu'il a d'abord appris cette religion Bön dans le paradis et qu'il a promis, sur les pieds du dieu de la compassion, Shenla Okar, de délivrer son enseignement à tous les êtres humains. À l'âge de 31 ans, il a renoncé au monde et a commencé à prêcher cette doctrine pour aider les gens à sortir de la misère et de la souffrance. Il se rendit dans la région du Mont Kailash, connue sous le nom de Royaume Zhang-zhung, au nord-ouest du Tibet, pour propager cette religion. C'est donc là que ce lieu est devenu un lieu très sacré pour les croyants du bön, qui viennent ici en pèlerinage et font la circumambulation autour du Mont Kailash dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

Dans l'histoire du Tibet, selon l'inscription trouvée dans la tombe du roi Senalek (Trisong Desong), le terme bön désigne le prêtre royal dont le travail consistait à accomplir des rituels pour les rois du Yarlung. Avant le 33e roi de dynastie de tubo Srong btsan gampo, tous les rois étaient très influencés par ce culte, et leur prêtre était également connu sous le nom de bön. Au VIIIe siècle, l'implantation du bouddhisme chez la famille royale ainsi que chez son peuple au Tibet a eu un grand succès. Cependant, certains membres de la famille royale gardaient toujours la croyance bön, et celle-ci a été remise à l’honneur lorsque Langdarma a tué son propre frère, le roi Ralpachen (un pieux adepte du bouddhisme) et a pris le pouvoir en 837. Le nouveau roi Langdarma, qui était un disciple de bön, a fait prospérer cette foi en son royaume jusqu'à ce qu'il soit assassiné par un moine bouddhiste. Après cet événement, le bön et le bouddhisme ont longtemps cohabité et se sont influencés mutuellement. Ainsi, « le bön nouveau ou réformé » est apparu sous le nom du bön blanc dans lequel l'enseignement du Bouddha a été assimilé à l'enseignement de Tonpa Shenrab. Réciproquement, de nombreuses pratiques du bön ont pénétré dans le bouddhisme à cette époque.

Il y a deux sortes de bön : le bön ancien ou bön noir, et le bon nouveau réformé ou bön blanc. Les adeptes du bön croient que chaque élément de la nature a son propre esprit, et qu’en fonction de leur tempérament ou de leur humeur, ces esprits peuvent provoquer une bonne récolte, une catastrophe naturelle, etc. Ainsi, pour calmer ou contrôler l’esprit démon des montagnes, des forêts et de l'eau, les spécialistes du bön noir exécutent des rituels magiques impliquant souvent des sacrifices. Les prêtres accomplissent également des rituels pour propitier les esprits locaux et assurer le bien-être des morts dans l'au-delà.

Les neuf voies du bön sont les doctrines populaires enseignées par Tonpa Shenrab :

  • Phyva-gshen theg-pa (la voie de la prédiction) - Quatre pratiques générales : la divination (mo), le calcul astrologique (rtsis), les divers rituels (gto) et le diagnostic médical (dypad) sont ainsi incluses dans cette voie.
  • sNang-shen theg-pa (la voie du monde visuel ou de la manifestation visible) - Il s'agit de maîtriser ou d'apaiser les dieux et les démons de ce monde. Le rituel effectué au profit des clients. Ceux-ci apportent la prospérité du monde et dépendent des pouvoirs magiques de ceux qui les exécutent et qui participent à l'exorcisme.
  • Phrul-gshen theg-pa (la voie de l'illusion ou du pouvoir magique) - C'est une façon de contrer les influences des êtres démoniaques, de protéger les gens contre les forces néfastes et d'effectuer des rituels d'exorcisme.
  • Srid-gshen theg-pa (la voie d'existence) - Il s'agit de prendre soin des vivants et des morts. Il protège la force vitale des êtres vivants et ramène les esprits des morts. Ces quatre premières voies incluent les pratiques religieuses populaires indigènes du Tibet, dont beaucoup sont d'origine ancienne.
  • dGe-bsnyen theg-pa (la voie des adeptes laïcs) - Il s'agit de ceux qui suivent la pratique des dix vertus et des dix perfections et qui construisent et adorent des stupas.
  • Drnag-srnng theg-pa (la voie du moine) - Il s'agit de la voie d'une discipline ascétique stricte et d'un entraînement méditatif. Le symbole de ce véhicule est le swastika dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
  • Adkar theg-pa (la voie du son primordial) - Il s'agit de la pratique tantrique supérieure et de la méditation. Le A blanc fait référence à l'émanation de cinq parties de mandala du centre translucide d'une lettre tibétaine A. Il est chargé de faire des offrandes aux divinités en utilisant neuf vases et neuf Tormas et de maintenir l'ordre du monde par leurs rituels et leurs chants spéciaux appelés Gshenglu correspondants au Nyingma Mahayoga tantra.
  • Ye-gshen theg-pa (la voie du shen primordial) - Il s'agit d'un guide pour la recherche d'un vrai maître tantrique et des engagements (dam tshigs, parallèle à la samaya sanskrite) qui lient un disciple à son maître tantrique. Il correspond à ceux des Nyingma Anuyoga tantras.
  • Bla-med theg-pa (la voie de la doctrine suprême) – Ce sont les enseignements bön de la grande perfection (Dzogchen) qui correspondent à ceux de l'ordre Nyingma. Les bönpo considèrent le Dzogchen comme la voie suprême de toute méditation.

Comme dans le bouddhisme, le bön porte aussi des divinités pacifiques et courroucées. Il possède de nombreuses créatures mythiques qui sont similaires au bouddhisme tibétain. L'un des principaux monastères du bön est le monastère de Menri, situé entre Lhassa et Xigatse.